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Maison du Dauphiné

La maison du Dauphiné, entre village et habitat isolé

Province historique recouvrant aujourd’hui le territoire allant des contreforts de la Vallée du Rhône aux Alpes centrales, le Dauphiné se trouve à la croisée de trois influences : la Provence, l’Italie et la Savoie. Cette région se caractérise difficilement d’un seul bloc, car la présence de reliefs très marqués a favorisé le développement de traditions propres à chaque vallée, à chaque massif, à chaque plateau.

L’organisation de l’habitat

Village ou habitat isolé ? Dans le Bas-Dauphiné (appelé aussi Nord-Dauphiné), qui constitue le centre de la région historique, l’habitat s’étale autour de bois, d’étangs, de collines. Vers Crémieu et La Tour-du-Pin, l’habitat est semi-dispersé. En montagne, notamment dans le Vercors, les villages sont groupés dans les Vallées. Ce n’est qu’en allant vers le midi que les fermes se dispersent sur les plateaux montagneux.

La maison dauphinoise est conçue à partir d’une forme simple (carré ou rectangle), généralement assez ramassée. L’habitat bourgeois ne se distingue de l’habitat populaire que par des ornementations, des blasons, des modénatures qui habillent une maison répondant aux mêmes principes quelle que soit la classe sociale.

Les matériaux

Le pisé: le matériau le plus typique de la maison dauphinoise est assurément le pisé, très utilisé dans les Terres froides ou le Sud du Grésivaudan. Cette terre sableuse, intégrant des cailloux, est utilisée crue. Après compactage, elle est coulée dans un banchage. Mais à la différence du béton prêt-à-l’emploi d’aujourd’hui, le pisé est coulé par épaisseurs successives, ce qui laisse souvent apparaître en façade des lignes de niveau correspondant aux différentes étapes. Il reçoit ensuite un enduit protecteur, à la terre ou à la chaux. Employé pour élever des maisons, le pisé a aussi pu être utilisé pour des bâtiments collectifs, quelquefois même des édifices prestigieux.

Reconnaitre la maison du Dauphiné
Forme de la construction
Carrée ou légèrement rectangulaire
Structure
Moellons ou pisé
Forme de toit
4 pans
Matériaux de couverture
Tuile en écaille, lauze, bardeau
Charpente
A fermes
Eaux pluviales
Débord de toit prononcé
Cheminée
Souche carrée en pierre, centrée sur la toiture
Disposition des pièces
Pièces en enfilade
Ouvertures
Fenêtres peu nombreuses, très peu larges et groupées sur la façade

Pierres et galets: l’autre matériau de construction, c’est la pierre. Sur les maisons en pisé, des soubassements en galets joliment appareillés séparent la construction du sol et évitent les remontées d’humidité. Assemblé au mortier de terre ou de chaux, il est ensuite enduit avec la même préparation, la partie ronde étant laissée à vue. Le galet s’emploie aussi pour les encadrements et chaînages, de même que la pierre calcaire grise. De nombreuses maisons de la région sont totalement construites en pierre. La molasse, constituée de sable et de silice ou de calcaire, était utilisée dans le Nord-Dauphiné et les Terres froides. Le tuf d’Isère, renommé pour sa qualité, a fourni dans la région le matériau de nombreuses maisons, le plus souvent en moellons.

Le bois: si les maisons de basse altitude réservent le bois pour les incontournables (charpentes, planchers, portes et fenêtres), ce matériau est beaucoup plus utilisé en altitude. La base de la maison est toujours en pierre, mais le pignon est très souvent élevé en bois, ressource plus abondante que la pierre à construire. Certaines constructions présentent même un premier étage totalement en bois, avec des volumes saillants par rapport au rez-de-chaussée.

Toiture et couverture

La toiture typique du Dauphiné compte quatre pentes. Vers le Sud de la région, la tuile canal se généralise. Mais elle ne constitue pas le matériau de référence du Dauphiné.

On y rencontre, dans les villages et les bourgs, beaucoup de couvertures avec des tuiles en écaille. L’autre matériau, c’est la lauze, cette couverture en pierre typique des régions de montagne. En calcaire jaune ou issue de matières minérales plus sombres, elle nécessite une solide charpente, du fait de son poids considérable.

En altitude, la couverture est fréquemment réalisée en bardeaux de mélèze ou de châtaignier. Dans les temps anciens, trois épaisseurs étaient nécessaires pour une parfaite étanchéité. Le bardeau se mettant aujourd’hui en œuvre sur une toiture déjà étanchée, une à deux épaisseurs suffisent, en fonction de l’effet recherché.

La maison dauphinoise présente un débord de toiture prononcé. Il peut s’appuyer sur un poteau, créant un auvent, ou s’appuyer sur une console en bois ancrée dans la façade. Il arrive aussi que la ferme de la charpente dépasse. Un angle dans la pente, appelé coyau, donne un relief spécifique à ces toitures.

La gouttière traditionnelle est en bois creux, accroché au débord de toit par des attaches métalliques. La souche de cheminée, carrée, haute et en pierre, est généralement placée au centre de la toiture.

Dans cette région aux hivers rudes et aux étés chauds, les ouvertures sont peu développées et surtout groupées sur la façade Sud. Alors que cette dernière est généralement simple, les portes et fenêtres présentent quelques ornementations. Arcs de plein-cintre et impostes habillent les portes en bois. Les fenêtres étroites sont toujours en hauteur, avec trois à quatre carreaux par vantail.

Ma maison dans le Dauphiné aujourd’hui

Le pisé avait quasiment disparu, mais plusieurs professionnels et associations de sauvegarde du patrimoine ont cherché à redévelopper cette technique. Vous trouverez en Dauphiné les ressources utiles pour restaurer une maison traditionnelle. Pour les constructions en pierre, permettez aux murs de respirer en utilisant des matériaux tels que la chaux, plutôt que le ciment. Le plan carré des maisons dauphinoises ne rend pas aisées les extensions respectueuses des volumes d’origine. Le premier axe utile pour gagner de l’espace, c’est l’aménagement des combles, facilité par la forte pente de toiture.

Si vous ajoutez un volume, pourquoi ne pas envisager une véranda à l’arrière de la maison ? Elle n’altérera pas l’esthétique globale et, orientée au Nord, elle ne risquera pas la surchauffe, trop fréquente sous ces espaces vitrées.

Pour la construction neuve, inscrivez-vous dans les volumes de la région. Pente forte, quatre pentes de toiture et plan ramassé constituent des incontournables !

Pour aller plus loin
AnnickStein, LaMaisondanssarégion. Le Dauphiné, Massin éditeur, Paris, 1992

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