Mon objectif, en construisant cette maison, est de démontrer que l’utilisation d’un système de chauffage est aujourd’hui obsolète.
Comment ? En appliquant simplement quelques règles de bon sens pour isoler l’enveloppe du bâti.
Devenue aujourd’hui témoin, cette maison repose sur un principe de construction très basse consommation grâce à :
- une isolation renforcée,
- une étanchéité quasi parfaite,
- et une ventilation peu déperditive.
Mon slogan : « Il faut penser à mettre un pull à la maison avant de penser à la manière de la chauffer », ce n’est pourtant que du bon sens !
Je voulais une maison d’aspect classique pour montrer aux gens que passif ne veut pas dire « retour à l’âge de pierre » ! C’est une maison de plain-pied , orientée plein sud, où je vis avec ma femme et mes deux enfants.
Isolation, étanchéité, ventilation : le trio gagnant
Dans une maison passive, tout se joue sur l’enveloppe du bâti. L’isolation doit être optimale, tout en laissant respirer les parois. Il faut aussi réduire les ponts thermiques (donc les déperditions).
– Les murs : le système constructif choisi est l’ossature bois croisée permettant une isolation de 32 cm dans les murs.
– Les combles : ils sont isolés en ouate de cellulose (46 cm).
– Les menuiseries : j’ai fait le choix de la mixité : aluminium à l’extérieur et bois pour l’intérieur.
Pour optimiser les propriétés thermiques des menuiseries mixtes, j’ai opté pour des volets roulant(s) électriques à commande radio. Ils viennent se nicher dans les débords de toit ou dans les combles. Ainsi les coffres de volets roulant ne viennent pas réduire l’épaisseur d’isolant au dessus des menuiseries. L’alimentation électrique se fait par les combles afin de ne pas percer le film pare vapeur.
Hormis les baies donnant sur la véranda, toutes les ouvertures sont en triple vitrage.
L’étanchéité à l’air de l’enveloppe a fait l’objet d’un traitement particulièrement méticuleux pour un résultat qui correspond à un taux de fuite d’air à peine supérieur à la superficie d’une carte bancaire (Test BBC en Q4 : 0.10 m3/h.m²).
La ventilation s’effectue au moyen d’une VMC double flux avec échangeur de chaleur à haut rendement (l’air qui sort réchauffe l’air qui entre). Elle assure une parfaite qualité de l’air à l’intérieur de l’habitation, quelles que soient les conditions climatiques.
L’eau chaude est produite grâce à un ballon solaire relié à deux petits panneaux insérés discrètement dans le toit pour approvisionner la maison en eau chaude.
Un tableau électrique situé dans le garage assure toutes les liaisons hors de l’enveloppe étanche (pare vapeur). Pour toutes les liaisons à l’intérieur de l’enveloppe (après le pare vapeur), un tableau électrique a été installé dans la partie habitable. Toute l’installation électrique est réalisée en câbles blindés connectés à des interrupteurs automatiques de champs.
« Une maison passive ça se chauffe avec une bougie »
Depuis notre installation début 2011, aucun système de chauffage n’a été installé. En dessous de 0°C dehors, un petit poêle d’appoint de 4 kWh suffirait à chauffer l’ensemble, on ne trouve malheureusement pas encore ce genre d’équipement en France.
J’ai passé l’hiver sans poêle. Le thermomètre a affiché un petit 17°C à l’intérieur. Cependant, le ressenti n’était pas du tout le même que dans une maison en parpaing ou en brique. Je pense qu’il faudrait chauffer ce type de maison au moins à 20°C pour avoir la même sensation de chaleur.
Nous avons cependant utilisé une petite cheminée d’agrément à l’éthanol (alcool de betterave) lorsque la température est descendue à -7 degrés, ce qui pourrait correspondre à un besoin en énergie de chauffage d’au plus 2Kw/m²/an !
En vulgarisant, l’habitat passif désigne un bâtiment dont le besoin de chauffage est inférieur à 15 KW/m²/an, voire entièrement compensé par les apports solaires ou par les calories émises par les apports internes, à savoir le matériel électrique et les occupants de la maison.
Des matériaux naturels… et français
L’objectif de ce projet de construction a été de concevoir une maison la plus économe possible avec des matériaux naturels et plus respectueux de l’environnement.
A l’intérieur, comme à l’extérieur, c’est le bois qui prédomine.
Les murs des pièces à vivre et les chambres sont recouverts de lambris lasurés et naturels, alternant avec quelques parties en plaques de plâtre. Au sol, c’est le parquet qui prévaut.
La majorité des matériaux sont produits en France.
La fibre de bois vient de Lyon. Le bardage, en sapin prépeint beige et marron, a été réalisé à 30 km d’ici. La ouate de cellulose est fabriquée à Morlaix (60 km). Enfin, la véranda de 15 m², créée de toute pièce par nous-mêmes, dispose d’une charpente en bois, elle apporte un puits de lumière appréciable en été comme en hiver.
Pour conclure
D’une superficie de 122 m² habitables, la maison dont la construction a débuté en juin 2009 s’est achevée en mai 2011.
Elle nous aura coûté au final 120.000 € HT. Bien sûr, je me suis servi de mon expérience dans le bâtiment pour y effectuer de nombreux travaux.
Grâce à une isolation et une étanchéité renforcée ainsi qu’à une VMC double flux à haut rendement, le besoin annuel de cette maison en énergie de chauffage est théoriquement de 15Kw/M²/an !
Fin Avril 2012, cela fera un an que nous l’habitons. La consommation énergétique totale annuelle de la maison devrait être inférieure à 3000 kW (compris éclairage, appoint d’hiver pour l’eau chaude, machine à laver, congélateur, table de cuisson,…). Ce qui représente une consommation énergétique totale de 24 KW /m²/an et environ 300 € de coût annuel !
Et si l’on ajoutait une éolienne individuelle sur le site, cette maison deviendrait à « énergie positive » !
Donc, n’oublions pas : il faut penser à mettre un pull à la maison avant de penser à la manière de la chauffer,… et choisir les équipements les moins coûteux tant dans le coût d’investissement que dans le coût de fonctionnement quotidien.
30mar